Trouver du sens à sa vie… Vaste injonction. Certains ont la réponse dès la petite enfance, d’autres ont un déclic sur le tard.
Mais avouez qu’avoir une bonne raison de se lever chaque matin, c’est bien plus agréable que de ruminer et de tergiverser sur le sens que l’on souhaite donner à son existence… Ce n’est pas une évidence pour tout le monde. Heureusement, il existe plusieurs moyens pour arriver à mieux se connaître et savoir quelle direction imprimer à sa vie pour la faire correspondre à ses aspirations. À une seule condition : être prêt à fouiller au plus profond de soi-même.
L’ikigai, qu’est-ce que c’est ?
L’ikigai est un concept japonais, un brin philosophique. Le terme n’a pas d’équivalent en français, mais il peut se traduire par « raison d’être » et « joie de vivre ». En somme, l’ikigai, c’est ce qui fait sens dans la vie d’une personne.
Au Japon, l’île d’Okinawa est réputée pour la longévité de ses habitants et compte un nombre important de centenaires. C’est de cette petite île au pays du soleil levant que vient le concept de l’ikigai.
À Okinawa, les personnes âgées ne s’arrêtent jamais vraiment de travailler. Elles trouvent le bonheur dans l’utilité qu’elles peuvent avoir pour les autres. Qu’il s’agisse de transmettre des savoirs aux jeunes ou de garder les petits-enfants et arrière-petits-enfants...
En Occident, le concept de l’ikigai a été repris et sa définition touche plus souvent le domaine professionnel. Pour Christie Vanbremeersch, autrice du livre Trouver son ikigai (Éditions First), c’est « comme une vocation mais avec le pognon », résume-t-elle. « Trouver son Ikigai, c’est trouver un travail qu’on aime, qui fait sens, qu’on fait bien et pour lequel on reçoit une contribution convenable », ajoute-t-elle.
Mais le sens, il peut aussi se trouver dans la vie familiale ou dans l’engagement pour une cause par exemple. Tout est question d’équilibre dans l’ikigai.
Les 4 cercles du symbole ikigai
Entamer un travail d’introspection, oui. Mais par où commencer ? Dans la quête vers l’ikigai, il existe un schéma de quatre cercles à reproduire sur une feuille blanche. Une sorte de rosace apparaît.
Si elle n’est pas la promesse de l’éclatement au grand jour d’une évidence, elle peut permettre d’axer sa réflexion et de la creuser petit à petit, pour trouver ce qui fait vraiment sens dans sa vie. En quelques heures, quelques semaines ou plusieurs années.
Pour ce faire, dessinez (comme sur l’image ci-dessous) quatre grands cercles. Ils permettront de fixer noir sur blanc vos goûts, ce qui vous passionne. L’intérêt est, pour chacun de ces cercles de répondre aux questions suivantes :
Qu’est-ce que j’aime faire dans la vie ? Dans quels domaines suis-je doué(e) ou reconnu(e) comme expert(e) ? Qu’est-ce qui me faire vivre au quotidien financièrement parlant ? Pourquoi le monde a-t-il besoin de moi et comment puis-je contribuer à l’intérêt général ?
Au croisement de ces quatre cercles, on trouve : la passion, la mission, la vocation et la profession. Au cœur de cette rosace se trouve enfin l’ikigai.
L’ikigai, c’est ce qui vous donne ou donnera une raison de vous lever avec enthousiasme chaque matin, ou du moins de bonne humeur, parce que vous savez pourquoi vous le faites.

L’Ikigai : comme un partenaire amoureux
Pour Christie Vanbremeersch, l’ikigai, c’est comme un partenaire amoureux, la personne avec laquelle on souhaite faire un long chemin. Pourquoi ? « Parce qu’une fois qu’on l’a trouvé(e), tout ne s’arrête pas. On continue incessamment de vouloir découvrir la personne, d’explorer, de questionner… »
Si on n’en a plus l’envie, on s’ennuie. Et on a la tentation d’aller voir ailleurs. Cela signifie que ce n’est pas le bon partenaire ou le bon ikigai...
Une fois l’ikigai trouvé, il va devenir la matière première de toutes les actions d’une vie. On va vouloir le questionner, l’améliorer, tourner autour, sans lui tourner le dos. L’ikigai est mouvant, il peut évoluer en cours de route ou faire la place à d’autres ikigais.
L’ikigai : un travail d’introspection
Pas de méthode clé en main unique ni de recette miracle pour trouver son ikigai. Il faut creuser au plus profond de son être et faire preuve d’honnêteté envers soi-même pour trouver ce qui fait sens.
Certaines personnes n’ont pas besoin de ce travail d’introspection, leur ikigai sonne comme une évidence depuis leur petite enfance. Ce sont ces personnes qui vivent à fond leurs rêves d’enfant.
Pour d’autres, l’ikigai n’est pas inné. Et le chemin pour le découvrir est parfois semé d’embûches, avec des remises en question, voire des crises existentielles, qui commencent dès l’adolescence sur le choix des études...
« Que vais-je bien pouvoir faire de ma vie ? » La question qui taraude nombre d’étudiants, mais aussi beaucoup de personnes diplômées, en poste, qui sont tristes et n’ont pas le sentiment d’être à leur place…
Affronter ses peurs pour trouver son ikigai
Dans son livre, Christie Vanbremeersch invite le lecteur à se poser les bonnes questions. Qu’est-ce qui le rend curieux ? Jaloux ? Quelle est sa zone de brillance ? Ou les activités qui le ressourcent ?
« Il y a plusieurs portes d’entrée pour parvenir à son ikigai, explique Christie Vanbremeersch. À chacun de faire son mélange, de trouver sa formule, en lisant notamment les témoignages de personnes qui y sont arrivées. S’il n’y a pas de méthode unique, il y a au moins une certitude : on trouve son ikigai à partir du moment où l’on se donne la peine de le chercher... »
Chercher son ikigai, au plus profond de soi, peut faire ressurgir des peurs. Peurs de s’écouter vraiment et de vivre un rêve auquel on a renoncé il y a longtemps. « On ne se délivre jamais de la peur, rappelle Christie Vanbremeersch. Mais, c’est bon signe d’avoir peur. Il faut l’affronter pour avancer chaque jour mais il ne faut pas la laisser décider à notre place. »
À chacun sa méthode pour mener cette exploration intérieure. Certains méditent, d’autres font du sport. Christie Vanbremeersch choisit, quant à elle, d’écrire trois pages chaque matin dans son journal. Elle écrit tout ce qui lui passe par la tête. « C’est une manière de me rencontrer. »
Poursuivre son ikigai et le réaliser
« La religion n’est plus ce qu’elle était. La politique non plus », commente Christie Vanbremeersch. C’est l’une des raisons pour lesquelles de plus en plus de personnes sont en quête de sens ailleurs, et c’est souvent dans le travail qu’elles trouvent (ou qu’elles cherchent) ce sens. Prêtes à chambouler leurs vies pour poursuivre leurs rêves...
Vous avez trouvé votre ikigai, mais il reste coincé dans un coin de votre tête ? Parfois, la vie n’offre pas toujours la possibilité d’effectuer un virement à 360 degrés. Des enfants, une vie de famille, des prêts engagés, diverses responsabilités, des blocages, des peurs. L’intérêt, c’est de ne jamais perdre de vue son objectif, son ikigai et de l’atteindre petit à petit.
Professionnellement, on peut commencer par « slasher ». Les slasheurs sont ceux qui ont plusieurs activités professionnelles. « Avoir un autre métier ou une petite activité annexe, c’est un moyen de se tester et de nourrir des formes d’intelligence différentes, assure Christie Vanbremeersch. On peut être directeur marketing le jour, et prof de yoga le soir », illustre-t-elle. Un jour viendra le moment de basculer vers ce qui donne le plus de sens, ou de garder les deux activités si elles ont toutes les deux un sens afin de les faire coexister dans sa vie professionnelle. Le but étant de s’écouter.
Tiraillée entre nos rêves et nos regrets, la vie est une succession de choix à faire. Le champ des possibles est si vaste qu’il est courant de s’y perdre et de ne plus savoir quel sens donner à sa vie. Il n’est pas nécessaire d’attendre le premier burn-out ou la crise existentielle des 50 ans pour partir à la rencontre de soi-même. Car après tout, la vie n’attend pas.